Chiffres-chocs, exemples édifiants, critiques sévères… C’est un rapport explosif que publie le Sénat, jeudi 17 mars. Pendant quatre mois, une commission menée par la rapporteuse Eliane Assassi (Parti communiste français) et le président Arnaud Bazin (Les Républicains) a enquêté sur l’emprise massive des cabinets de conseil sur les affaires de l’Etat. Un secret de Polichinelle pour qui connaît les rouages de l’Etat, mais une réalité méconnue du grand public.
Cette commission est une réponse à la polémique sur le rôle de plusieurs de ces entreprises privées dans la gestion de la pandémie de Covid-19. Elle démontre de façon implacable qu’il ne s’agit pas d’un épiphénomène, fruit d’une crise sanitaire exceptionnelle. Les sénateurs, c’est une première, ont pu mesurer l’ampleur du sujet auquel ils se sont attaqués, en exigeant la communication d’éléments jusqu’alors tenus secrets : la liste des contrats passés par les ministères avec les cabinets de conseil et leurs montants. Verdict : l’Etat a dépensé plus de 1 milliard d’euros en 2021 pour ces missions, la moitié en conseil informatique, l’autre en stratégie et organisation.

Ce chiffrage n’est qu’un minimum : les sénateurs n’ont pas eu accès à l’ensemble des prestations commandées par les nombreuses agences dépendant des ministères. Il est pourtant largement supérieur à celui de 140 millions d’euros par an avancé par la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, lors de son audition, en janvier. Cette dernière affirmait aussi que ces budgets sont restés stables pendant le quinquennat. Faux, rétorquent les sénateurs, qui relèvent au contraire une « explosion des prestations de conseil » qui n’épargne aucun ministère : l’enveloppe a doublé de 2018 à 2021, durant le quinquennat d’Emmanuel Macron.
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